Avec près de 65 tonnes d’or extrait chaque année, le Mali se classe parmi les cinq premiers producteurs aurifères d’Afrique. Le précieux métal jaune constitue une des principales ressources du pays, et une source considérable de revenus d’exportation. Pourtant, les retombées économiques ne profitent que très peu aux populations locales.
Pour Ladji FAINKE, un ingénieur agronome de formation, la terre recèle d’autres trésors capables de générer des emplois durables et d’appuyer le développement économique du Mali. En créant Kool Farmer à Bamako en 2016, Ladji mise sur l’agriculture raisonnée et démontre que la production maraîchère constitue une véritable voie d’avenir.
Le maraîchage éco-responsable : l’or vert du Mali
Sur un hectare et demi, Ladji cultive des fruits et légumes selon les principes de l’agroécologie, et alimente avec régularité les étals des marchés et magasins avoisinants. Ce faisant, il valorise les circuits courts, préserve la santé des sols et fournit à sa communauté une récolte abordable.
« J’applique les techniques du maraîchage sur sol vivant » explique l’ingénieur. « Je produis ainsi une diversité de fruits et légumes de grande qualité nutritive, au sein d’une petite exploitation viable économiquement. J’aspire à transmettre ce modèle aux jeunes des zones rurales et à les encourager à démarrer leur propre microferme écologique ».
Des producteurs de plus en plus nombreux viennent se former auprès de Kool Farmer et bénéficier de ses conseils dans le choix de leurs semences. Ladji témoigne : « Je souhaite démontrer à la communauté rurale qu’il est possible de créer son propre emploi et de bien vivre du travail de la terre, à condition d’appliquer les bonnes pratiques. En ce sens, j’invite les producteurs à rejoindre ma coopérative Sol Vivant Mali en s’inscrivant directement sur le site internet Kool Farmer. Dans les années à venir, j’espère créer 200 emplois et former 1 000 jeunes agripreneurs. À terme, j’aimerais développer la livraison à domicile. Pour y parvenir, je travaille au développement d’un site de commerce électronique et d’une application mobile ».
Multiplier les formations et les partenariats
Pour atteindre ces objectifs, Kool Farmer se fait accompagner par le projet NTF V FastTrackTech déployé par le Centre du commerce international. Depuis 2 ans, Ladji bénéficie d’un coaching personnalisé qui l’aide à se recentrer sur l’essentiel : « Grâce au mentorat fournit par le projet NTF V, j’ai pu sécuriser mon activité de maraîchage. J’ai appris à calculer mes seuils de rentabilité, à identifier les variétés les plus productives et à établir un calendrier de plantation. Je sais que ma priorité, à présent, c’est de développer le volet formation. Pour cela, je m’appuis sur le numérique. Culture maraichère, techniques de compostage et de semis, agriculture hors sol, etc. – tous mes cours sont vendus en ligne, sur le site internet Kool Farmer ».
Pour Lin DEJEAN, la consultante du projet NTF V qui suit le travail de Ladji, ce coaching doit l’aider à développer des projets à plus grande échelle, notamment auprès des sites industriels d’envergure. « Nous avons travaillé ensemble à la formalisation d’une offre qui devrait permettre à Kool Farmer d’approcher les grandes sociétés minières et de nouer des partenariats de RSE. L’entrepreneuriat n’étant pas une aventure solitaire, la prochaine étape pour Ladji sera de constituer une équipe », précise encore la coach.
Kool Farmer emploie aujourd’hui trois salariés. Demain, la start-up espère pouvoir s’entourer de nouveaux collaborateurs pour démultiplier ses actions de formation à l’échelle nationale, et ainsi appuyer l’émergence de nouvelles coopératives et exploitations agricoles familiales. L’objectif ultime est de promouvoir une filière agricole engagée pour l’environnement et génératrice de valeur pour les femmes et les jeunes actifs des zones rurales.